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Cure d'austérité pour la France

Une bonne dose de hausses d'impôts, un zeste de revirement fiscal et une pincée de réalisme face à une croissance en berne : le gouvernement a présenté son plan anti-déficit, mais le débat budgétaire va continuer jusqu'à la présidentielle, sur fond de nouvelle remontée du chômage.

Cette cure d'austérité supplémentaire, d'un montant d'un milliard d'euros dès cette année et d'onze milliards pour 2012, a été présentée mercredi par François Fillon au terme d'un été de crise qui a vu la France chahutée à son tour par les marchés financiers.
Le ton grave, le Premier ministre a jugé "dépassé" le "seuil de tolérance à l'endettement". Pressé de toutes parts de revenir à davantage de réalisme, il a fini par réviser à la baisse ses prévisions de croissance: l'économie française ne devrait progresser que de 1,75% par an en 2011 et 2012, au lieu des 2% et 2,25% espérés jusque-là.

Résultat: le gouvernement s'est aussi résolu à donner un nouveau tour de vis budgétaire. La pilule prescrite par Nicolas Sarkozy et François Fillon passe essentiellement par des hausses d'impôts ciblées, via un rabotage des niches fiscales. Au total, entre 2011 et 2012, les prélèvements obligatoires augmenteront de 22 milliards.
Au menu, pour les plus aisés, une mini-taxe sur les ultra-riches et des prélèvements accrus sur les revenus du capital et les plus-values immobilières (hors résidence principale). Les classes moyennes et les plus modestes ne sont pas épargnées, avec des taxes qui se traduiront par une hausse des tarifs des complémentaires santé, du prix des cigarettes et des sodas.
Quant aux entreprises, elles voient certains avantages fiscaux rognés. Le plus emblématique est celui sur les heures supplémentaires, application concrète du "travailler plus pour gagner plus" cher au chef de l'Etat qui écorne ainsi, après la suppression du bouclier fiscal, un autre point cardinal de sa politique économique.

Mais le débat n'est pas clos pour autant.

D'abord, car le gouvernement a laissé le soin à la majorité de trouver, durant le débat budgétaire de l'automne au Parlement, un milliard de dépenses supplémentaires à annuler en 2012. Et certains élus de l'UMP sont décidés à durcir la taxe sur les hauts revenus, jugée anecdotique.

Ensuite, car le plan gouvernemental a essuyé une pluie de critiques de la part des syndicats et de l'opposition.
"On accroît les risques d'une récession", a dénoncé Martine Aubry, tandis que François Hollande brocardait du "bricolage" et que Ségolène Royal mettait en garde contre le risque de "déprime" de l'économie: les candidats à la primaire socialiste ont donné un avant-goût des débats à venir d'ici la présidentielle du printemps, dont la campagne sera dominée par les dossiers économiques.

Car les problèmes sont loin d'être tous résolus par les mesures annoncées.
Sur le front de l'emploi, les demandeurs d'emploi ne cessent d'augmenter depuis le printemps, mettant à mal la promesse gouvernementale de faire reculer le chômage.
Et la France semble bien en peine de relancer une croissance atone, d'autant que les économistes s'interrogent déjà sur les effets de la rigueur sur l'activité.

Quant à la chasse aux déficits, le plus dur reste à venir: si les finances publiques doivent être assainies de 20 milliards d'euros en 2012, le gouvernement issu des urnes l'an prochain devra rapidement trouver 30 milliards pour 2013.

Dans ce contexte, la polémique sur la "règle d'or" voulue par Nicolas Sarkozy mais rejetée par la gauche risque de se poursuivre.

AFP
Publié le lundi 29 août 2011 à 16h56

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